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Le cacao de demain

Le chocolat est consommé à travers le monde entier et repose sur la culture des fèves cacao. Cette dernière présente de nombreux enjeux, tant à l’échelle environnementale qu’à l’échelle socio-économique. Depuis quelques années, une solution transversale semble émerger : l’agroforesterie. Elle permettrait de répondre aux défis que présente la culture de cacao tout en répondant à la demande croissante en chocolat.

Proposé par Soline CUINAT-GUERRAZ et Emma HOLLER (P33)

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Le cacao de demain

 

Les enjeux de la culture de cacao

 

La production de chocolat repose sur des variables environnementales et sociales impliquant une large variété d’acteurs à l’échelle mondiale. Avec une demande croissante de cette denrée, la culture du cacao se doit d’être efficiente en termes de rendement.

Cette problématique est associée à des enjeux d’ordre environnemental visant l’accroissement de la durabilité des cultures. En parallèle, les producteurs des pays du Sud – dépendants de l’économie du chocolat et donc des rendements de leurs exploitations – doivent être assurés d’un revenu stable et décent pour subvenir aux besoins de leur foyer.

Ce second enjeu, cette fois-ci socio-économique, est intrinsèquement lié aux défis environnementaux auxquels la culture du cacao se doit de répondre, afin d’assurer sa pérennisation. (1)


La culture de cacao et la déforestation

 

Le mode de culture historique et préférentiel du cacao génère des problèmes environnementaux auxquels il faut remédier. En effet, ce dernier tend à maximiser la production des fèves de cacao.

Les cacaoyers sont ainsi mis en état de

« stress » par une exposition totale au soleil. Cette méthode permet un rendement important à court terme garantissant un salaire pour les producteurs, mais conduit également à la mort des arbres ne pouvant subsister durablement à une exposition maximale à la lumière et des températures élevées.

Par conséquent, les producteurs sont poussés à explorer de nouvelles parcelles par la déforestation, afin de planter de nouveaux cacaoyers. Ce processus contribue alors à libérer et rejeter du CO2 dans l’atmosphère et participe donc au changement climatique. (2)

 

Parc national-cacao-mot7Parc National Kruger, Afrique du Sud


La culture de cacao et le changement climatique


Les modifications du climat exercent également une influence sur la production de cacao. En effet, les cacaoyers exigent des conditions écologiques spécifiques, en particulier pour le bon développement des fèves de cacao, dont la période de croissance peut atteindre 4 à 5 ans.

Des perturbations, liées à l’alternance des saisons et l’élévation des températures et précipitations, peuvent conduire à des modifications délétères dans le développement des arbres.
En outre, l’augmentation du taux d’humidité au niveau des cultures crée une situation où les cacaoyers sont plus exposés aux maladies et aux parasites qu’en conditions naturelles. (1)

 

 

La culture de cacao et ses enjeux socio-économiques

 

Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, le nombre de producteurs de cacao s’élève à sept millions. L’exploitation de cacao correspond à leur unique source de revenu. Parallèlement aux problématiques écologiques auxquelles ils doivent faire face, les producteurs de cacao sont tributaires du marché mondial du chocolat, avec ses fluctuations.
Ainsi, le développement d’une plantation de cacao peut être insufflé par une augmentation des prix. A contrario, des prix en baisse peuvent pousser les producteurs à abandonner une culture. De plus, la culture de cacao ne garantit pas toujours un revenu suffisant aux petits producteurs pour mener une vie décente (1). Ce phénomène, renforcé par des manquements au niveau des coopératives, pousse les producteurs à mettre en place des exploitations illégales, accroissant ainsi le développement d’une activité de déforestation pour de nouvelles parcelles de terrain.
Les enjeux environnementaux et socio-économiques de la culture de cacao sont intimement liés et ne peuvent ainsi être traités séparément. (2)

L’agroforesterie, une solution transversale ?

Face à ces enjeux, une des réponses apportées est l’agroforesterie.
Ce type d’agriculture est défini par une association sur une même parcelle agricole du culture et d’arbres, ce qui permet de bénéficier des différents apports de ces derniers. (3)

 

Qu’est-ce que l’agroforesterie ?

L’agroforesterie repose sur le fonctionnement naturel d’une forêt : une même parcelle associe des arbres, des cultures et des animaux. Historiquement, cette importance donnée à l’arbre et à la forêt remonte au Néolithique. À cette période, l’homme veillait déjà à exploiter une même zone durant un temps limité, pour laisser ensuite le temps à l’écosystème forestier de se reconstituer. Concrètement, cela signifie qu’une zone défrichée pour la culture n’était exploitée que quelques années, avant une période de jachère.  La culture de la terre n’empêchait donc pas un retour ultérieur de la forêt (4). Progressivement, cet équilibre entre forêt et agriculture n’a plus été une préoccupation, notamment à cause de l’incompatibilité de ce modèle avec le développement de l’agriculture intensive. (4)

L’agroforesterie contemporaine est donc un mode d’exploitation souhaitant redonner une place aux arbres au sein des cultures.
Dans ce modèle, les effets bénéfiques de l’arbre sont valorisés : conservation de la biodiversité, résilience face aux aléas du climat augmentée, qualité du sol améliorée. En effet, l’agroforesterie tend à imiter le fonctionnement naturel d’une forêt. La résilience d’un tel système face aux perturbations écologiques repose grandement sur la biodiversité du milieu, d’où l’intérêt de diversifier les cultures sur une même parcelle. (3)

 

Agroforesterie et culture du cacao

 

L’agroforesterie peut donc se révéler un élément de réponse face aux nombreuses problématiques soulevées par la culture du cacao. Des exemples d’agroforesterie existent déjà. On peut citer notamment des cultures en Martinique, où on trouve des plantations de légumineuses qui nourrissent le sol, des cultures de cacao couvertes par les plantations, et une terre préservée des intrants chimiques, qui sont réduits, voire inexistants. Cette transition s’est accompagnée de meilleures conditions de vente pour les producteurs, qui touchent à présent l’intégralité du prix de vente de leur cacao. (5)

Plus largement, des systèmes agroforestiers sont déjà répandus dans la culture de cacao en Afrique. Ils présentent une belle réussite sur plusieurs plans, notamment pour les agriculteurs eux-mêmes. La présence d’arbres permet une récolte diversifiée, ce qui aide les agriculteurs à faire face aux fluctuations des cours du cacao, et vise donc à maintenir leur revenu. Il est également intéressant de noter que les rendements en cacao sont globalement satisfaisants. (6) 

Par ailleurs, l’ombre, prodiguée par la variété d’arbres prenant part au système agroforestier, favorise les conditions écologiques nécessaires au développement des cacaoyers, et permet donc une meilleure résistance face aux maladies. (1)

 

 

Cacaoyers-mot7

Cacaoyers, Parc National Lokobe, Madagascar

 

La production de cacao présente de nombreuses problématiques : adaptation au changement climatique, pérennisation des cultures, développement économique et rémunération des producteurs.

L’agroforesterie semble faire partie de la solution, en apportant à la fois une meilleure résilience des cultures de cacao face à la multiplication des aléas climatiques, mais aussi des récoltes plus diversifiées et donc des revenus supplémentaires pour les producteurs.

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