Il est coutume de dire que le contact de la nature est bénéfique à l’être humain, mais quelles sont les études qui en attestent ? Nous vous proposons un résumé d’un panel de travaux menés sur le sujet.  
Le syndrome du déficit de nature

Dans son ouvrage intitulé « Last Child in the Woods : Saving Our Children From Nature-Deficit Disorder  », publié en 2008, le journaliste Richard Louv étudiait la relation entre enfants et nature, dans les contextes historiques et actuels. En s’appuyant sur des études scientifiques, des entrevues avec des parents et des environnementalistes, il pointe notamment les conséquences de ce qu’il a appelé le « Nature-Deficit Disorder » (soit Syndrome du déficit de nature).  Ce syndrome comprend : conscience écologique peu développée, moins d’empathie pour les plantes et les animaux, baisse d’acuité des 5 sens qui ne sont pas assez stimulés, renfermement sur soi, inhibition de l’altruisme naturel, augmentation du nombre de troubles du comportement, baisse de l’estime de soi et de la confiance en soi chez les enfants, hausse de la sédentarité (et donc de l’obésité), diminution d’entrainement moteur, de la curiosité et de la créativité…

À l’origine de la baisse du temps passé dehors, le naturaliste Stephen Moss (publiée en 2012 dans The National Trust [1]identifie la circulation des véhicules qui limitent sévèrement la capacité des enfants à s’aventurer ; les problèmes de santé et de sécurité et l’obsession du zéro risque qui réduit la liberté des enfants ; l’inquiétude des parents de « l’étranger dangereux » ; l’attitude négative des autorités face aux enfants jouant dans les espaces naturels et parfois même celle des organisations de conservation de la nature.

[1] Organisme fondé en 1895 avec pour mission de promouvoir la préservation de lieux historiques et les splendeurs naturelles.

Les bienfaits physiques de passer du temps dehors

Moins de sédentarité

Des chercheurs canadiens ont étudié 6 478 enfants (54,4 % de filles) âgés de 9 à 11 ans de différentes classes sociales, dans plus de 12 pays. Comme son titre l’indique, cette étude de 2016, intitulée « Relation entre le temps passé dehors, l’activité physique, les temps sédentaires et la masse corporel chez les enfants : une étude sur 12 pays [2] » analysait le rapport entre les temps passés en extérieur et l’activité physique, les temps de sédentarité et l’indice de masse corporelle. En a résulté l’observation suivante : pour chaque heure passée dehors, les jeunes étaient actifs sept minutes supplémentaires en moyenne.

Une meilleure motricité

Ces effets sur l’activité physique seraient visibles dès le plus jeune âge comme le montre l’étude norvégienne « Landscape as Playscape : The Effects of Natural Environments on Children’s Play and Motor Development [3] » publiée en 2004. Celle-ci analysait l’impact du jeu en environnement naturel sur le développement moteur des enfants. L’étude portait sur des sujets de cinq, six et sept ans. Un groupe jouait dans la nature tandis que le groupe témoin jouait sur un terrain de jeu traditionnel. Les résultats dévoilent une augmentation statistique significative des capacités motrices des enfants placés dans un milieu naturel. Les effets positifs concernent aussi l’équilibre et la coordination.

[2] « Relationships Between Outdoor Time, Physical Activity, Sedentary Time, and Body Mass index in children : a 12-country study » -Consultable à cette adresse 

[3] Étude réalisée par par Ingunn Fjørtoft de l’université Sud-Est de Norvège. Consultable à cette adresse.

Les bienfaits de la nature sur les TDAH

Selon la Haute Autorité de Santé, 3,5 à 5,6 % des enfants scolarisés souffriraient de Trouble Déficitaire de l’Attention/hyperactivité en France[4]. Plusieurs études visant à définir les potentiels effets de la nature sur les TDAH ont donc été menées, telles que «  A potential natural treatment for attention-deficit/hyperactivity disorder : evidence from a national study [5] » en 2004 et « Could Exposure to Everyday Green Spaces Help Treat ADHD ? Evidence from Children’s Play Settings [6] » en 2011. Les résultats s’accordent sur l’intérêt d’exposer régulièrement les enfants TDAH à la nature pourdiminuer leurs symptômes (inattention, manque de concentration, impulsivité).

[4] Chiffres de 2015. Source has-sante.fr.

[5] « Un potentiel traitement pour le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité : preuve d’une étude nationale ». Consultable à cette adresse.

[6] « L’exposition quotidienne à des espaces vert peut-elle aider à traiter le TDAH ? » Consultable à cette adresse.

Les bienfaits psycho-sociaux de la nature

Des travaux réalisés en 2005 [7] sur 255 élèves d’écoles élémentaires qui suivaient des programmes d’éducation en extérieur naturel révèlent que les enfants ayant suivi ce programme affichent une meilleure estime de soi, mais aussi davantage de coopération et une meilleure capacité à résoudre les conflits (contrairement au groupe témoin).

Les effets du contact à la nature sur la perception de l’environnement

Enfin, il apparait que passer du temps dans la nature favorise un développement d’appartenance à la Terre et une plus forte sensibilité aux enjeux environnementaux. Une étude américaine [8] publiée en 2010, fait ainsi le constat que les expériences en milieu naturels sont un catalyseur qui transforme les connaissances environnementales en un sentiment d’appartenance et une plus forte motivation à défendre la nature.

[7] “Effects of Outdoor Education Programs for Children in California Executive Summary”. Consultable à cette adresse : https://www.semanticscholar.org/paper/Effects-of-Outdoor-Education-Programs-for-Children-Levine-Hikawa/e299fde320e2e3354f2f4119ecd16a6b6ae31414

[8] « The impact of direct and indirect experiences on the development of environmental knowledge, attitudes, and behavior ». Consultable à cette adresse : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0272494410000344?via%3Dihub

Il existe très probablement encore d’autres études sur le sujet et elles se multiplieront sûrement dans les années qui viennent. La création de Cours Oasis est un premier pas vers plus de nature dans les écoles et vise à inciter la pratique de l’école de dehors dans la cour et dans les espaces verts alentours. D’autres pays ont d’ores et déjà de l’avance, comme l’Allemagne ou la Suisse. Pour faire le plein d’idées, visionnez le webinaire de Sarah Wauquiez sur le sujet !