Rencontre avec les « jardinières d’enfants » de l’École Michaël (pédagogie Steiner) : l’expérience quotidienne auprès des petits, au contact du rythme des saisons, des éléments, dans la découverte de leur corps et de leur environnement naturel.

L’apprentissage par l’expérience et l’observation

« Le socle de notre pédagogie est de permettre à l’enfant d’apprendre par l’expérience, dans un cadre sécurisé. On le laisse expérimenter par lui-même et apprendre à connaître ses propres limites, ce qui lui permettra d’éviter de se mettre en danger par la suite. Les enfants, surtout très jeunes, sont très observateurs. Quand ils sont au jardin, ils explorent spontanément tout ce qui s’y trouve : ils découvrent la vie du sol, l’activité des insectes…

Ils vont aussi faire leurs apprentissages au moyen de jeux qu’ils peuvent inventer seul. L’adulte est également une source d’inspiration. L’enfant apprend les gestes utiles pour entretenir le jardin, en prenant en main les outils et en imitant les gestes des grands

En tant qu’adulte, nous observons les enfants dans leurs activités et nous nous adaptons à eux. En fonction des usages qu’ils ont trouvés, nous faisons évoluer le jardin dans le temps. Nous aussi nous apprenons par l’expérimentation, sans nous fixer de ligne trop précise dans nos activités pédagogiques. »

Laisser place à l’imagination et la créativité de l’enfant au contact des éléments naturels.

« Mieux vaut prévoir des activités les plus simples possibles et surtout ne pas venir avec un programme trop ambitieux. Un seul atelier sera souvent suffisant par exemple. Au potager nous avons le même principe : inutile de prévoir beaucoup de cultures différentes. La simplicité est notre ligne directrice. Pour nous, ce qui compte, est que l’enfant puisse développer son imagination et cultive le sens de l’émerveillement. Si l’on trouve un escargot, on va commencer par l’observer, admirer sa manière de bouger… et on évitera d’apporter trop d’explications pour que l’enfant cultive le sens du « beau » et le plaisir de ses découvertes.

Se dire tout simplement « on passe l’après-midi dehors » peut être suffisant.

Laisser les enfants passer du temps dehors est important pour qu’ils puissent expérimenter les sensations liées aux éléments : le contact avec la pluie, le vent, la lumière qui décline à l’automne… Les saisons ont une place centrale dans notre pédagogie et les fêtes les accompagnent. En hiver, lorsque nous avons le moins de lumière, c’est la période où nous avons le plus de fêtes ! Les enfants aiment découvrir les odeurs et les couleurs propres à chaque saison, par exemple jouer avec les feuilles en automne. »

S’équiper pour aller dehors par tous les temps, c’est prendre soin de son corps

 « Nous sortons quel que soit le temps, c’est un principe pour nous ! Ce qui plaît le plus aux enfants, c’est de patauger dans les flaques d’eau ! Ce sont les adultes qui ont peur de la pluie, pas les enfants… Mais il est très important qu’ils soient bien équipés, pour profiter pleinement de ces moments, sinon, on a tout loupé ! Pour que tout se passe bien, la communication avec les parents est essentielle : il est important qu’ils adhèrent à notre projet pédagogique et prennent soin de bien habiller leurs enfants. Et si les adultes sont positifs et se réjouissent de voir la pluie tomber, parents comme enseignants, les enfants seront aussi contents. Mais avoir des changes à l’école, peut aussi être utile évidemment !

Le temps d’habillage et de déshabillage fait partie intégrante des activités pédagogiques, cela fait travailler leur motricité fine, comme par exemple l’exercice de nouer leurs lacets. Nous avons l’habitude d’accompagner ces temps de rituels précis et de comptines, ce qui les aide à acquérir les réflexes utiles.

Le mouvement est fondamental pour l’enfant : il faut alterner les temps d’attention et les temps où il peut bouger librement. Cela lui permet de travailler son équilibre en jouant, de grimper, de se balancer, c’est un apprentissage fondamental qui va préparer ensuite l’apprentissage de l’écriture. Passer du temps dehors aide les enfants aussi à exercer leurs sens : toucher l’herbe, s’allonger dans l’herbe, ramasser des noix, les casser, puis les manger… Ils cernent aussi mieux la notion de rythme : le rythme des saisons, le rythme entre dedans et dehors, le rythme de la journée.

Passer du temps dehors est une véritable activité pédagogique qui nous apprend aussi beaucoup sur chaque enfant : l’enfant à l’extérieur n’est pas le même que l’enfant à l’intérieur. On observe que les enfants agités sont beaucoup plus calmes quand ils vont dehors ; c’est pour eux une soupape, les tensions se relâchent. »