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L’empreinte écologique du café : un plaisir amer pour la planète ?


Proposé par Hafsa JAOUAD et Caroline JOUVE

Étudiantes du Mastère Spécialisé® Éco-conseiller | P36

Introduction

Le café est l’une des boissons les plus consommées au monde, avec près de 2,5 milliards de tasses bues chaque jour. Apprécié pour son goût et ses effets stimulants, il est devenu un incontournable des matins pressés et des pauses conviviales. Pourtant, derrière cet engouement se cache une réalité moins réjouissante : la production et la consommation du café ont un impact considérable sur l’environnement. De la culture intensive entraînant la déforestation aux déchets générés par les capsules et emballages, l’empreinte écologique du café soulève de nombreuses questions.

Face à ces enjeux, comment concilier plaisir du café et respect de la planète ? Cet article explore les principaux impacts environnementaux du café et les solutions pour une consommation plus durable.


De l’impact environnemental
de la culture du café…

La culture du café, pratiquée sur plus de 11 millions d’hectares dans plus de 50 pays tropicaux, exerce une pression significative sur l’environnement. Cette production est associée à des problèmes majeurs tels que la déforestation, la perte de biodiversité, une consommation d’eau excessive et des émissions importantes de gaz à effet de serre.

Article P36 sur l'empreinte environnemental du café

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Plantation de café - Mot promo 36

Plantation de café – Crédit : iStock / Sidney de Almeida

Déforestation
et perte de biodiversité

L’expansion des plantations de café est l’une des principales causes de la déforestation dans les régions tropicales. Selon la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée, l’Union européenne, en tant que principal importateur de café, serait responsable de 44 % de la déforestation liée à cette culture. En effet, pour répondre à la demande croissante, de vastes étendues de forêts sont rasées afin d’étendre les cultures, notamment en Amérique latine et en Asie du Sud-Est [1].

Cette destruction entraîne une perte considérable de biodiversité, mettant en péril les écosystèmes locaux et de nombreuses espèces animales et végétales.

Consommation d’eau
et empreinte hydrique

La culture du café est particulièrement gourmande en eau. D’après l’hydrologue Charlène Descollonges, il faut environ 132 litres d’eau pour produire une seule tasse de café [2].

Cette empreinte hydrique comprend l’eau utilisée pour l’irrigation des caféiers, la transformation des grains et leur transport. Dans un contexte de raréfaction des ressources en eau douce, cette consommation massive pose un réel problème de durabilité.

De plus, dans certaines régions productrices, l’irrigation intensive du café entraîne une surexploitation des nappes phréatiques et accentue les tensions autour de l’accès à l’eau potable.

Utilisation d’engrais et émissions de gaz à effet de serre

La culture du café repose largement sur l’utilisation d’engrais azotés, dont la production nécessite de grandes quantités de gaz naturel. Selon Transitions & Énergies (2023), l’application de ces engrais libère du protoxyde d’azote (NO), un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO en termes de réchauffement climatique [3].
En outre, les travaux agricoles, l’irrigation et la transformation des grains contribuent également à l’empreinte carbone du café. Le transport des grains depuis les pays producteurs vers les marchés consommateurs, majoritairement situés en Europe et en Amérique du Nord, ajoute encore à cette empreinte écologique.

… À celui de la consommation du café

Les grains de café arrivent dans les pays consommateurs par bateau sous forme brute (café vert), traditionnellement dans des sacs de jute. Plusieurs étapes supplémentaires sont nécessaires avant que le consommateur final puisse savourer son café.

La torréfaction

Le processus de torréfaction du café est énergivore, nécessitant environ 3 gigajoules pour produire une tonne de café torréfié [4]. Cette étape, souvent réalisée avec du gaz, génère des émissions de CO2 (environ 0,25 tonne par tonne de café) et peut également contribuer à la pollution de l’air en émettant des poussières, du monoxyde de carbone, de l’oxyde nitreux et du dioxyde de carbone [5].

L’emballage, générateur de déchets

L’emballage du café joue un rôle clé dans la conservation du produit, mais il contribue pour 20 % à son empreinte carbone selon l’ADEME [6]. Les capsules en aluminium, les dosettes en plastique et les sachets multicouches génèrent une grande quantité de déchets. Ces emballages sont souvent difficiles à recycler en raison du mélange de matériaux, ce qui complique leur traitement [7]. En outre, bien que certaines initiatives de recyclage existent, comme pour les capsules en aluminium, on estime qu’une sur quatre seulement est réellement recyclée [8]. De plus, la production de ces emballages est énergivore et entraîne des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, leur transport et leur distribution augmentent l’empreinte carbone du café, accentuant son impact environnemental global.

La préparation finale du café

La préparation du café a des impacts environnementaux variés en fonction du mode choisi [3] :

L’empreinte carbone de plusieurs manières de préparer le café

L’empreinte carbone de plusieurs manières de préparer le café (Luciano Rodrigues Viana) | Québec : Électricité peu carbonée (hydroélectricité)/Alberta : Électricité très carbonée (charbon et gaz) – Source : https://www.transitionsenergies.com/empreinte-carbone-cafe-attention-idees-recues/

Comme la culture du café représente 69 % de son impact carbone [6], la quantité utilisée est déterminante. Le café filtre requiert une dose importante de café moulu (environ 25 g par tasse), entraînant une consommation accrue d’énergie pour chauffer l’eau. De plus, l’utilisateur a tendance à surdoser, ce qui mène au gaspillage. Le café soluble, avec seulement 12 g par tasse, affiche l’empreinte carbone la plus faible grâce à une préparation rapide et une dépense énergétique modérée.

Le café en capsule, bien que plus sobre en matière première (11 à 13 g de moins par tasse), est plus énergivore en raison de la fabrication des dosettes. Les machines à grains, malgré un conditionnement réduit, nécessitent un entretien fréquent, augmentant ainsi la consommation d’eau et l’impact environnemental qui en découle [9]. En outre, leur facilité d’usage peut encourager une surconsommation.

Alternatives et solutions pour une consommation plus responsable

Vers une production plus durable :

Face aux défis environnementaux, la production de café évolue vers des pratiques plus durables. Avec une réduction projetée de 50 % des terres propices à la culture du café d’ici 2050 en raison du changement climatique [10], les producteurs adoptent des techniques agroforestières, intégrant des arbres dans les plantations pour préserver les sols et créer des écosystèmes résilients. En Ouganda, le projet ROBUST pour le café robusta montrent des résultats prometteurs [11].

Ces méthodes, soutenues par des certifications comme Rainforest Alliance, favorisent la biodiversité et réduisent l’impact climatique. Des initiatives soutiennent et forment les producteurs à ces pratiques plus durables. Les partenariats et la recherche renforcent également la collaboration et la traçabilité, menant à un secteur plus respectueux de l’environnement [12].

Agroforesterie - par B. Sarangi via Pixabay

Agroforesterie – par B. Sarangi via Pixabay

Mieux choisir et consommer son café

Opter pour des cafés certifiés équitables, tels que Fairtrade, Rainforest Alliance ou UTZ, garantit un revenu décent pour les producteurs et le respect de critères environnementaux. De plus, privilégier les cafés biologiques réduit l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, bien que cela puisse nécessiter plus de terres pour la production.

Boire du café de manière plus responsable

7 gestes pour boire du café de manière plus écoresponsable

Pour réduire le gaspillage, il est essentiel de bien doser son café et de préparer uniquement la quantité nécessaire. Les capsules de café, bien que pratiques, peuvent être remplacées par des rechargeables. Les filtres réutilisables en tissu ou en acier inoxydable sont une alternative durable aux jetables.

L’ajout de lait dans le café peut multiplier son empreinte carbone jusqu’à cinq fois. Choisir une option végétale comme le lait d’amande ou de soja est une bonne solution.

Enfin, le lavage des tasses à l’eau froide ou au lave-vaisselle plein, ainsi que l’utilisation de machines à café économes en énergie, contribuent à une consommation plus durable.

Ces gestes simples permettent de savourer son café tout en respectant l’environnement [13],[14].

Valorisation des déchets du café

La production et la consommation de café génèrent divers déchets valorisables. Côté producteur, la pulpe de café, souvent jetée, peut être transformée en compost, biochar pour la rétention d’eau ou en biogaz. Les fleurs peuvent être séchées pour produire un thé floral riche en antioxydants [15]. Le marc de café sert d’engrais, de support pour cultiver des pleurotes ou de source d’énergie.

Une entreprise allemande l’utilise combiné à des biopolymères pour fabriquer des tasses et soucoupes [16]. Les sacs en toile de jute, servant au transport des grains, trouvent une seconde vie en accessoires, paillage ou stockage alimentaire [17]. En intégrant ces pratiques, la filière café réduit son empreinte écologique et favorise une économie circulaire.

Conclusion

Le café, bien que largement consommé à travers le monde, a une empreinte écologique préoccupante : déforestation, consommation excessive d’eau et émissions de gaz à effet de serre. Face à ces enjeux, il est essentiel d’adopter une consommation plus responsable en choisissant des cafés labellisés ou en réduisant notre dépendance à cette boisson.

Explorer des alternatives comme la chicorée ou les boissons à base de céréales permet de concilier plaisir et respect de l’environnement. Un changement collectif et individuel est nécessaire pour limiter notre impact [18].

Mot de la promo 36 | Hafsa JAOUAD et Caroline JOUVE  – 26 mai 2025

Sources médiagraphiques :

[1]   Café. (2024, 2 février) Stratégie Nationale de Lutte Contre la Déforestation importée. Ministères de l’Aménagement du Territoire et de la Transition écologique. https://www.deforestationimportee.ecologie.gouv.fr/produits-concernes/article/cafe

[2]  Lavocat, L. (2024, 26 mars). 132 litres d’eau pour une tasse de café : « Nos besoins sont excessifs ». Reporterre, le Média de L’écologie – Indépendant et En Accès Libre. https://reporterre.net/132-litres-d-eau-pour-une-tasse-de-cafe-Nos-besoins-sont-excessifs

[3]   Rodrigues Viana, L., Marty, C., Boucher, J.-F., & Dessureault, P.-L. (2023, 28 avril). Empreinte carbone du café, attention aux idées reçues. Transitions & Energies. https://www.transitionsenergies.com/empreinte-carbone-cafe-attention-idees-recues/

[4]   Enjeux environnementaux. (s.d.) Caféologie – CD-Rom de formation. https://www.hotellerie-restauration.ac-versailles.fr/documents/cafeologie/devdurable/p2.htm

[5]   Comment les acteurs du café prennent le virage du développement durable ? (2023, 23 mai). De’Longhi Coffee Loung. https://coffeelounge.delonghi.com/fr/actualites/comment-les-acteurs-du-cafe-prennent-le-virage-du-developpement-durable/

[6]   Café | Impact CO2. (s.d.). ADEME https://impactco2.fr/outils/boisson/cafe

[7]   Melo, C. (2023, 4 mai). L’emballage du café et ses implications environnementales – The Coffee Lab – Era of We. https://www.eraofwe.com/coffee-lab/fr/articles/lemballage-du-caf%C3%A9-et-ses-implications-environnementales

[8]   Roux, B. (2023, 28 mai). Capsules de café en aluminium : quelles alternatives écologiques ? L’Express. https://www.lexpress.fr/environnement/capsules-de-cafe-en-aluminium-quelles-alternatives-ecologiques-3QOZKQXIMREKTMRYA63FYQTWII/?cmp_redirect=true

[9]   Machine à Café à Capsule vs à Grain : qui est le plus écologique ? (2022, 19 janvier) Les Joyeux Recycleurs. https://lesjoyeuxrecycleurs.com/recyclage-en-entreprise-mode-demploi/machine-cafe-capsule-ou-grain/

[10] Face à la menace du changement climatique, il est urgent de repenser les manières de produire et commercialiser le café. (2023, 19 décembre). Max Havelaar France / Fairtrade. https://www.fairtrade.net/maxhavelaarfrance-fr/s-informer/actualite/face-a-la-menace-du-changement-climatique.html

[11] Face au changement climatique, l’Ouganda se lance dans la production de café Robusta en agroforesterie. (2022, 30 septembre). CIRAD. https://www.cirad.fr/espace-presse/communiques-de-presse/2022/agroforesterie-cafe-robusta-ouganda

[12] Le café et l’environnement : comprendre l’impact écologique du café. (2023, 1er mai). Cafeologie.fr – Guides et astuces de barista. https://cafeologie.fr/le-cafe-et-lenvironnement/

[13] Roux, M. (2023, 2 janvier). Impact environnemental du café : faut-il arrêter d’en boire ? –  Chacun Son Café. https://www.chacunsoncafe.fr/blog/impact-environnemental-du-cafe-faut-il-arreter-den-boire/

[14] Quelle est la manière la plus éco responsable de boire un café ? (2022, 28 juin). Centre International de Référence sur l’Analyse du cycle de vie et la transition durable – CIRAIG. https://ciraig.org/index.php/fr/blogue/quelle-est-la-maniere-la-plus-eco-responsable-de-boire-un-cafe/

[15] Selimovic, A. (2024, 14 juin). Recyclage des déchets de café. Cafés TROTTET. https://cafes.trottet.ch/blog/2024/06/14/recyclage-des-dechets-de-cafe/# :~:text=Le%20recyclage%20des%20d%C3%A9chets%20de,d’eau%20dans%20les%20sols

[16] Recyclage marc de café : tri, collecte, valorisation des déchets de café (2022, 13 septembre). HUBENCY. https://www.hubency.com/dechets-valorises/dechets-organiques/marc-de-cafe/

[17] Rien ne se perd, tout se transforme : nouvelle vie pour nos sacs en toile de jute. (2022, 6 juillet). Terra Etica. https://www.terraetica.fr/blog/41-rien-ne-se-perd-tout-se-transforme-nouvelle-vie-pour-nos-sacs-en-toile-de-jute?srsltid=AfmBOooVhx6TSJ0Q189Oa-YJKzI9ZxqS_gm6BSI8-pMVnUTdWDz7TVLj

[18] Loiseau, F. (2025, 13 février). Les alternatives au café, on a testé pour vous. Reporterre, le Média de L’écologie. https://reporterre.net/Les-alternatives-au-cafe-on-a-teste-pour-vous