Le sol est souvent vu comme une surface inerte, simple support des activités humaines. En réalité, lorsqu’il est en bonne santé, il grouille de vie et rend des services essentiels aux écosystèmes et à l’humanité. C’est un capital à défendre de toute urgence contre les nombreux périls qui le menacent.
Les mille et un trésors de la vie des sols.
Dans une cuillère à café de terre forestière, vivent plus d’êtres vivants que d’humains sur notre planète (10 milliards environ) ! On estime qu’un quart de l’ensemble des espèces actuellement décrites réside dans les sols, même si cette biodiversité foisonnante est encore méconnue. Des plus petits – l’essentiel de cette vie est invisible pour nous – aux plus gros, on observe dans la terre : bactéries, archées, protozoaires, champignons, algues, collemboles, mollusques, insectes, myriapodes, vers de terre…
Ces organismes sont à la base des chaînes alimentaires terrestres et participent ainsi à la présence et à l’abondance de la grande diversité des espèces animales et végétales connues sur le globe. Toute cette vie assure la structuration du sol, son aération, sa porosité à l’eau de pluie et la fabrication de l’humus, base de la vie sur terre. De plus, la grande diversité génétique qu’il renferme, en particulier sur le plan bactérien, est source de découvertes de très nombreux médicaments (70 % des antibiotiques sont issues de bactéries du sol).
Une coupe de sol permet de découvrir les différentes strates : la couche supérieure, fertile et composée d’humus quand le sol est en bonne santé, est plus foncée car riche en matière organique, les couches inférieures sont progressivement plus claires, leur teneur en matière minérale étant de plus en plus importante.
Les mille et un services des sols.
Les sols assurent des fonctions essentielles et nombreuses. Certaines sont évidentes et connues depuis longtemps, comme être à la base de la production agricole.
Les sols assurent le cycle de la matière organique (le carbone) et sont encore impliqués dans d’autres cycles géo-chimiques fondamentaux, tels que celui de l’azote ou du phosphore. Enfin, Le rôle du sol dans le cycle de l’eau est central : il contribue en effet au remplissage des nappes phréatiques souterraines et à la régulation du régime des cours d’eau en limitant les crues et les inondations. Avec la végétation, le sol favorise le rafraîchissement estival des zones urbaines, ainsi que la filtration et l’épuration les eaux qui le traversent.
Il possède de plus un potentiel de stockage de CO2 considérable, encore trop méconnu.
S’il n’est pas perturbé, le sol stocke en effet plus de carbone qu’il n’en émet. C’est ainsi qu’il y a davantage de carbone dans le sol que dans toute la végétation qui le recouvre et l’atmosphère réunies.
Les sols représentent en conséquence un outil décisif dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Les périls menaçant la vie des sols.
Le sol se forme à partir de la décomposition des résidus végétaux et de l’altération des roches sous l’action de l’eau, du climat et des organismes vivants. D’une épaisseur pouvant aller de quelques centimètres à quelques mètres, il est la couche superficielle de la croûte terrestre, indispensable à toute vie… et pourtant fragile ! Le sol nécessite des milliers d’années pour se former : ce n’est donc pas une ressource renouvelable à l’échelle humaine. Par ailleurs, seuls 13 % de la surface terrestre est fertile et disponible pour produire notre alimentation. C’est dire combien il est précieux !
Les sols subissent pourtant des dégradations multiples. L’érosion, phénomène naturel aggravé par les activités humaines, peut se manifester sous forme de coulées boueuses aux conséquences parfois catastrophiques. Mais de manière moins visible, l’érosion engendre une perte massive de matière organique des terres arables, déjà mises à mal par des pratiques culturales peu respectueuses de la vie des sols.
Les terres subissent aussi des contaminations diverses dues aux activités industrielles ou agricoles, lorsque leur usage n’est pas tous simplement transformé pour être mises au service de l’extension des villes et du réseau routier, la création de nouvelles zones d’activités économiques…
Une action simple à réaliser près de chez soi : rendre à la terre les bienfaits qu’elle nous offre en découvrant le geste du compostage.
Que faire en effet des 71kg produits de déchets alimentaires chaque année par Français ? Les collectivités offrent à présent aux habitants la possibilité de valoriser leurs déchets de cuisine et de table. Dans l’Eurométropole de Strasbourg, la collecte permet leur transformation en biogaz via le procédé de la méthanisation.
Les déchets végétaux (uniquement) peuvent cependant toujours alimenter les bacs à compost de quartier : cet excellent engrais naturel permet d’enrichir en matière organique le sol de jardins et de fermes locales. Créer un compost dans son école est de plus un moyen pédagogique exceptionnel de faire découvrir aux enfants l’extraordinaire biodiversité qu’il peut abriter : bien entretenu, le compost sera une source d’émerveillement continue, face à toutes les petites bêtes qu’ils pourront y trouver.
(*) Un compostage demandant plus d’entretien (aération, mélange équilibré de matière sèche et humide…) sera plus adapté à un contexte urbain.
Compostage rudimentaire adapté à un jardin*
Pour aller plus loin :
- Comprendre le fonctionnement et les enjeux du sol :
https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/dossiers-thematiques/milieux/sol
https://www.willagri.com/2020/12/05/les-sols-et-le-climat/
https://www.encyclopedie-environnement.org/sol/biodiversite-sols/
• Exposition à la Maison Inter-universitaire des Sciences de l’Homme – Alsace :
https://www.misha.fr/agenda/evenement/exposition-levons-les-yeux-au-sol
- Contribuer à la recherche participative sur la santé des sols urbains de la région avec SOLenvillE :
https://zaeu-strasbourg.eu/presentation/projets/solenville/ www.facebook.com/solenville.
- Composter dans son quartier avec Compostra :
https://compostra.wixsite.com/compostra
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