Partons à la découverte de cette liane aimant escalader arbres et murs, sans toutefois leur faire de tort et qui constitue un allié précieux de la biodiversité.
Les trois vies du lierre…
Lors de ses débuts dans la vie, le lierre se déplace en rampant et dans la pénombre : la plante va se fixer au sol par de petites racines et développer des feuilles en forme d’étoile à 3 à 4 branches, destinées à capter autant de lumière que possible. Quand la tige rencontre un tronc ou une surface verticale, commence la seconde vie du lierre, qui va alors se diriger vers la lumière. La plante fabrique de petites attaches collantes, des crampons terminés par de la glue, tout en continuant à pomper l’eau et les sels minéraux par ses racines, dans le sol. Lorsque l’accès à la lumière est assuré, le lierre entame sa troisième vie, sous une forme arborescente : il produit des rameaux, ses feuilles deviennent plus rondes et il peut commencer à fleurir et produire des fruits.
Le lierre n’est pas un bourreau des arbres !
Contrairement à la mauvaise réputation qu’on lui a faite longtemps, le lierre n’est en aucun cas un parasite ! Il ne se sert de l’arbre que comme support, mais possède son propre système de racines. Autrement, il ne pourrait pas grimper sur un mur !
Tant que l’arbre est en bonne santé, les deux espèces vont s’aider mutuellement. Le lierre sert de régulateur thermique à l’arbre, l’isolant du froid en hiver et de la chaleur en été. Il protège en outre son écorce des parasites et bactéries et produit une litière bienvenue pour l’arbre, en renouvelant ses feuilles tous les trois ans.
C’est seulement si l’arbre souffre d’une maladie ou du grand âge, que le lierre va prendre le dessus. Dans un jardin, il peut être utile de maîtriser son développement et de ne pas le laisser atteindre une hauteur trop importante.
Les fleurs du lierre grimpant, qui apparaissent à l’automne (à gauche) et les fruits, qui se forment au courant de l’hiver (à droite).
Un acteur majeur de la biodiversité
La présence du lierre est bénéfique pour la biodiversité à plus d’un titre. Avec son feuillage compact et persistant, il va servir de refuge en été comme en hiver à une faune nombreuse : insectes (papillon citron et coccinelles par exemple), oiseaux, petits mammifères. Son cycle de vie étonnant en fait par ailleurs un allié précieux des pollinisateurs et des oiseaux : en fleurissant à l’automne, après que la plupart des autres plantes ont terminé leur floraison, il représente une source de nourriture pour les abeilles et de nombreux autres insectes. De même, en fructifiant en hiver, il permet aux oiseaux de tenir jusqu’aux beaux jours, ses baies étant de plus très riches en lipide. Les oiseaux migrateurs pourront grâce à lui trouver une source de nourriture, lorsque tous les autres arbres auront été dévalisés.
Une plante étonnante !
Le cycle de vie « inversé » du lierre s’explique par son origine très ancienne : il est en effet apparu à l’ère tertiaire, lorsqu’une forêt tropicale recouvrait toute la France ! Le climat chaud et sec l’a amené à produire son fruit pendant le moment le plus doux et humide de l’année. Quand le climat s’est refroidi, le lierre a continué à faire ses fruits en hiver. Il est l’une des seules plantes à avoir résisté aux grands changements climatiques, avec le houx ou l’hellébore. Il présente par ailleurs une grande aptitude à résister à la chaleur et la sécheresse, comme le montre sa présence en Méditerranée. Il supporte par ailleurs les grands froids, grâce à une molécule « antigel » qu’il synthétise au fur et à mesure de la chute de la température.
Quelques précautions à prendre tout de même…
Si les oiseaux se régalent des « perles » ou « raisins » du lierre, il n’est pas recommandé aux humains de tenter d’en goûter ! Tout comme les feuilles, les baies du lierre contiennent des « saponines » qui les rendent toxiques pour les mammifères. Cette toxicité modérée fait d’ailleurs du lierre une plante médicinale, utilisée comme antitussif et antispasmodique. Les saponines permettent aussi de fabriquer de la lessive à partir des feuilles du lierre, une plante décidément source de bien des surprises !
Pour aller plus loin :
La Hulotte, numéros 106 et 107 consacrés au lierre, à commander sur le site :
Le Chemin de la Nature, pour mieux connaître les vertus médicinales du lierre :
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